Date of article: 09/01/2025
Daily News of: 16/01/2025
Country:
Belgium
Author: Federal Ombudsman of Belgium
Le Médiateur fédéral recommande à l’Office des étrangers et au Ministre de la Justice de garantir que les enfants belges jouissent pleinement de leurs droits, notamment en assurant le droit de séjour pour leurs parents. Cette recommandation repose sur l’article 10 du Code de la nationalité belge (CNB), qui prévoit que l’Officier de l’État civil attribue la nationalité belge aux enfants nés en Belgique sans autre nationalité afin d’éviter qu'ils soient apatrides.
Une première recommandation en janvier 2024
En janvier 2024, le Médiateur fédéral avait déjà formulé une recommandation à l’Office des étrangers, en lui rappelant qu’il n’avait aucune compétence en matière de nationalité.
Parce que l’Office des étrangers envoyait alors des lettres aux communes leur donnant instruction de retirer la nationalité belge d’enfants nés en Belgique de parents d’origine palestinienne.
Pourtant, l’Office des étrangers ne peut légalement pas donner des instructions ou des conseils aux communes sur les questions relatives à la nationalité belge. C’est l’Officier de l’État civil qui a la compétence exclusive d’accorder la nationalité belge à un enfant né en Belgique. Seul le procureur du Roi peut lui fournir un avis à ce propos, à sa demande.
Bien que l’échange d’informations entre administrations puisse contribuer à une gestion efficace des dossiers, il est essentiel, pour garantir la sécurité juridique et, plus largement, le respect de l’état de droit, que chaque institution exerce ses compétences sans empiéter sur celles des autres et en respectant strictement la loi. C'est pourquoi l'Office des étrangers doit s'en tenir à ses strictes compétences.
Une pratique illégale qui engendre des retards
À la suite de la recommandation du Médiateur fédéral, l’Office des étrangers a continué de communiquer avec les communes sur la question de la nationalité de ces enfants. Un certain nombre de communes ont retiré la nationalité belge qu’elles avaient pourtant attribuée à l’enfant. Cela concerne majoritairement des enfants nés en Belgique d’origine palestinienne, mais d’autres origines sont également concernées.
Cette pratique illégale de l’OE a causé des retards importants dans le traitement de demandes de séjour introduites par des parents d’enfants belges. Certains dossiers sont en attente depuis plus d'un an, alors que la loi impose un délai de six mois pour prendre une décision.
Respecter l’Intérêt supérieur de l’enfant
La nationalité est un élément essentiel de l’identité d’une personne. Des droits fondamentaux en découlent. Les pratiques de l’OE ne donnent pas à l’Intérêt supérieur de l’enfant son caractère primordial. Le Médiateur fédéral souligne que l’enfant doit pouvoir bénéficier pleinement des droits attachés à sa citoyenneté, y compris le droit à vivre avec ses parents.
Recommandations
Pour résoudre cette situation, le Médiateur fédéral, soutenu en cela par le Délégué général aux droits de l’enfant et le Kinderrechtencommissariaat, recommande à l’Office des étrangers de respecter les décisions des officiers de l’état civil, de prendre une décision sur les demandes de séjour des parents d’enfants belges dans le délai légal et de cesser toute pratique qui entrave les droits des enfants et de leurs parents.
Pour les raisons mentionnées dans la recommandation en annexe, le Médiateur fédéral demande également, si nécessaire, au Ministre de la Justice d’évaluer l’article 10 du Code de la nationalité belge en tenant compte de l’Intérêt supérieur de l’enfant en tant que considération primordiale.